HONTHEIM 2013 (5SDB2018)
Aristid de Honteheim
„Diable,
possession et exorcisme:
considérations
anthropologiques sur le mal et l’au-delà”, în Anges et démons.
Collection d’Etudes Ethnologiques Européennes.
Renaud
Zeebroek (dir.). Bruxelles.
Presses de l’Université Libre de Bruxelles,
2013, pp. 32-57. (pdf.)
Fragment:
„En ce début du 21e siècle en
Europe, une imagerie variée évoquant le diable anime la publicité, le cinéma,
le discours, la mode, la musique ou les forums de discussion sur internet.
Simultanément, certains exorcistes catholiques ne prennent pas leur rôle au
sérieux et doutent de la réalité du phénomène de possession, et ce malgré la
présence d’au moins un exorciste par diocèse. Le hiatus entre le scepticisme
exprimé par ces représentants de l’Église et les appels au secours des fidèles
incite ces derniers à chercher un soulagement auprès d’autres spécialistes: exorcistes
orthodoxes, psychiatres, ethnopsychiatres, médecins New Age, géobiologues, etc.
De manière plus générale, une étude sur le diable invite à se pencher sur ce dont
il est l’incarnation: le mal. Le mal, dont les dictionnaires soulignent tantôt l’expression
sous forme de souffrance physique, tantôt la condamnation morale par opposition
à la vertu. Étant donné la prééminence de la composante morale
dans la majorité des définitions, nous pourrions être tentés
de spéculer sur l’universalité de la notion. Si la question du mal semble
inhérente à notre condition humaine, le mal prend des significations
différentes selon les régions du monde, les différences les plus frappantes se
présentant quand on compare des sociétés dites «traditionnelles» et nos
sociétés occidentales. Par ailleurs, aborder le mal conduit à s’intéresser à la
facette extrahumaine de la vie: l’au-delà et le panthéon d’êtres invisibles
dont le peuplent ceux qui composent avec lui. Ici encore, les manifestations de
l’au-delà diffèrent selon la société d’origine : un Kabyle d’Algérie a tendance
à voir des djinns, un Asmat de Nouvelle-Guinée des esprits de la forêt et un
Belge issu d’une famille chrétienne des fantômes aux contours flous et éthérés.
Ainsi, l’hypothèse de travail selon laquelle le mal est culturellement
déterminé paraît réaliste” (p. 33).
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